Le rapport entre la forme d’écriture journalistique ou l’écriture dans la presse, et l’intervention dans la presse de chercheurs en sciences sociales est un problème classique.
II s’agit donc de repérer ce type de textes signés par des sociologues, économistes, politologues, historiens… Et d’identifier les statuts respectifs du discours propre à la recherche du discours du journalisme.
Sont-ils d’abord identifiables l’un par rapport à l’autre?
Au Maroc, il est difficile d’identifier l’un par rapport à l’autre parce que le journalisme et la plupart des sciences sociales se sont développés pratiquement au même moment. C’est un des effets de la modernisation en quelque sorte. Depuis le début du siècle, ces deux champs sont en affirmation, dans nos pratiques décembre s aussi bien d’écriture que de réflexion.
D’une part, le journalisme tait partie de ces démarches qui se sont développées chez nous et qui se sont affirmées en même temps. Mais, d’autre part, il est difficile d’identifier la pratique journalistique par rapport aux sciences sociales parce que les interférences sont devenues chose courante. Cela a été banalisé. Nous connaissons bien cette pratique d’écrivains, d’hommes, politiques, d’historiens, de nouvellistes… qui interviennent à travers la presse au point que la question pourrait ne pas paraître importante. Seulement, depuis quelques années – fait nouveau dans la presse marocaine-statistiquement, plus d’économistes, plus de sociologues, plus de politologues interviennent au nom de leurs spécialités. Derrière certains éditoriaux dûment signés par ces chercheurs, est-ce qu’il faut voir l’intervention d’un spécialiste au premier titre comme spécialiste?
II y a souvent des interférences entre l’identité politique de ce chercheur-socialiste, communiste… L’étiquette politique apparait plus importante que son identité de chercheur. Est-ce qu’il y a une différence entre cette intervention au titre de chercheur et quelque chose de plus, que réalise l’écriture journalistique?
II y a probablement toute cette dimension qui interfère. Ces gens-là, je cite l’exemple de Pascon, Bouderbala, Laroui, Jabri, Oumlil, Mernissi… ont signé des textes qui ont posé le problème de la signification qu’a pour un chercheur en sciences sociales, l’acte d’écriture dans le mode journalistique?
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(*) Extrait d’un article du Professeur Abdallah Saaf, paru dans Actes du Symposium “De L’Information à l’Opinion” 8 et 9 décembre 1988.
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