Maroc : les défis de l’État post-Covid

La propagation du Covid-19 a contribué à la consécration de l’État marocain comme seule entité capable de gérer la crise. Mais plusieurs défis se posent désormais. Cette tribune est le résumé d’un papier collaboratif réalisé par le Policy Center for the New South.

La crise du Covid-19 aura été tant un point de départ que le révélateur de profonds bouleversements économiques, sociaux, et humains au Maroc et dans le reste du monde. Cette pandémie aura également été à l’origine d’un vent d’incertitudes pour les populations, entraînant ainsi de fortes répercussions sur la santé publique, la quiétude de l’humain et sa sécurité.

En effet, les dimensions sécuritaire et sanitaire, ainsi que les enjeux posés, ont contribué à la consécration de l’État comme seule entité capable de protéger les populations et contrecarrer les impacts négatifs de la crise.

L’influence des États – qui se caractérisait par un désengagement progressif et un retrait de plusieurs secteurs-clés – se voit ici renforcée par l’idée que seul un État social fort, régulateur et doté de moyens importants, est capable de recevoir et d’amortir les chocs. Néanmoins, plusieurs défis se posent aux institutions des pays.

Décentralisation inachevée

Bien que les populations voient leur relation avec l’État changer afin d’inclure leurs intérêts et besoins, la question de l’impact et du rôle des collectivités territoriales reste en suspens. En effet, il a été donné d’observer une faible implication des élus locaux et des services déconcentrés dans leur traitement de la pandémie. Une décentralisation inachevée et une déconcentration hésitante sont dans une large mesure la cause de ce phénomène. Il faudra ainsi penser un renouvellement des relations entre l’État et les collectivités locales pour parvenir à la formulation de politiques novatrices qui viseraient à réduire les fractures sociales et territoriales.

La force des chocs ressentis au travers de la présente crise – et sa déstabilisation du fonctionnement usuel des sociétés actuelles – permet également de renvoyer à la question de la sécurité et de l’autonomie stratégique. Il est ainsi nécessaire de souligner le besoin d’une autonomie au travers d’une production nationale conséquente qui favoriserait la sécurité sanitaire et alimentaire du pays.

Dès lors, il devient impératif de faire figurer le risque épidémique au rang des priorités de la politique de défense et de sécurité de l’État – au même titre que les risques nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique (NRBC). Ce processus d’adaptation devra s’appuyer sur une nouvelle grammaire de la sécurité incluant la « re-conceptualisation » du continuum défense-sécurité et l’institutionnalisation de la recherche scientifique civile et militaire.

 

Par Abdellah Saaf

Senior Fellow au « Policy Center for the New South ». Il est également Professeur à la Faculté de Rabat Mohammed V. Il a été Ministre de l’éducation nationale de 2000 à 2002 et membre de la commission pour la révision de la constitution de 2011.

 

Sources:

https://www.jeuneafrique.com/1011254/politique/tribune-maroc-les-defis-de-letat-post-covid/

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